La vision 2030 de NiceFuture repose sur les aspirations contenues dans le texte ci-dessous du Manifeste pour la Terre (projet NiceFuture lancé en 2009) signé par différentes personnalités suisses et le grand public. Rejoignez-nous en signant ce Manifeste pour la Terre en cliquant ici ! Pour de plus amples précisions sur chaque thème, nous vous invitons à la lecture du NiceFuture Magazine CH2030 regroupant les interviews de 100 visionnaires pour co-construire le monde de demain dans chacun des différents domaines de notre société. Nous nous joignons à leurs propos.

Quelle société pour demain ?

Nous aspirons à une société écosympathique qui s’engage à travers son attitude, son quotidien ou sa pratique à une relation participative avec la nature. Construisons, avec tous les acteurs de la société d’aujourd’hui, une vision forte dans laquelle nous serions les acteurs positifs sur Terre.

Nous pouvons nous débarrasser de la faim, de l’analphabétisme, de la maladie, de la pauvreté et nous pouvons restaurer les sols, les forêts et les ressources marines. Prélever un sixième du budget militaire mondial serait plus que suffisant pour mettre le monde sur un chemin de progrès durable.

Il nous tient à cœur que les médias et les politiques construisent leur réflexion sur une démarche positive, et non plus sur la peur. Qu’ils œuvrent à faire croître la prise de conscience collective en assurant une information intelligente et libre, qui rende les gens autonomes et critiques plutôt que les asservir à une pensée unique et réductrice. Nous souhaitons qu’ils soient les acteurs du décloisonnement et du partage du savoir pour tous.

Nous aimerions que des structures à dimensions humaines par centres d’intérêts tels que des écoquartiers, des écoles participatives, des systèmes d’agriculture contractuelle soient développées et qu’elles permettent une nouvelle organisation et un nouvel ordre social basé sur un système participatif et en réseau. Ainsi, notre appartenance à la société et à l’humanité prendrait une nouvelle dimension. Nous souhaitons favoriser au maximum l’éco-gestion et l’autonomie au niveau local.

Nous voulons qu’une nouvelle pensée holistique et éco-systémique qui prenne conscience de l’inscription de l’homme dans un réseau de relation soit développée dans tous les domaines de la vie et qu’elle soit favorisée dans tous les processus décisionnels sociétaux. Un équilibre entre la logique, l’intuition et les valeurs dites féminines et masculines doit être mis au centre des réflexions. Il nous faut dépasser les valeurs égoïstes, égocentrées et compétitives dans les mondes professionnel et personnel en légitimant la valeur et les talents de chaque être humain et en le gratifiant pour son apport au bien-être global.

Quelles valeurs défendre ?

Nous voulons développer un imaginaire positif, empreint d’humanité. Nous croyons que nos actions se nourrissent d’abord de désirs dont l’énergie est très supérieure à celle de la peur. Osons le saut qualitatif qui permettra à l’intelligence du cœur de compléter la conscience rationnelle. Imaginons notre futur à la dimension de nos rêves et à la couleur de nos intuitions. Un projet qui aura comme mission culturelle de former un nouveau regard sur notre monde.

Notre civilisation doit être basée sur les valeurs suivantes : le respect, la solidarité, la durabilité, l’équité, la tolérance de l’autre et de ses croyances. Il s’agit de repenser notre civilisation en développant la conscience individuelle et en incitant tout un chacun à se reconsidérer comme partie d’une planète vivante.

Quel urbanisme mettre en place avec quel habitat ?

Nous refusons le modèle de la mégalopole, forcément inhumaine dans sa dimension sociale comme dans ses besoins en mobilité et en énergie. Nous souhaitons que la ville de demain soit de taille humaine et qu’elle assure ses ressources énergétiques et alimentaires de manière locale.

La ville peut devenir une constituante riche et créative des écosystèmes terrestres : une ville végétalisée, entourée d’une ceinture verte qui accueillera les territoires agricoles nécessaires pour l’alimentation de ses habitants ainsi qu’une biodiversité locale. Nos villes, nos habitats, nos fonctionnements quotidiens doivent être conçus pour être source de plus de biodiversité et de richesse sociale.

Quels développements pour la recherche, l’innovation, la technologie ?

Nous souhaitons que la recherche développe de nouveaux territoires d’exploration moins technophiles et qu’elle réponde d’une façon créative et sérieuse au désir d’un « nouveau monde bio-compatible ». Nous pensons que notre civilisation, au lieu d’être en rupture avec son écosystème, pourrait être génératrice de vie. La recherche, la technologie et l’innovation devraient être au service des buts de ce manifeste, et non une fin en soi.

Nous voulons que le principe de précaution soit appliqué à la recherche et dans sa mise en œuvre. Nous le comprenons comme une réflexion globale sur les conséquences sociales et environnementales de chacune de nos actions. En cas de doute sur l’impact environnemental ou sanitaire d’une action ou d’un produit, nous devons y renoncer plutôt que de risquer des dommages irréversibles pour l’homme et son environnement.

Nous refusons la possibilité de tout brevet sur le vivant. Ce patrimoine est universel et n’a rien d’une marchandise commercialisable. En dehors du vivant, le droit à déposer des brevets doit être mesuré en fonction de leur utilité pour le bien public. En effet, un grand nombre de technologies d’avant-garde et efficaces d’un point de vue écologique ne peuvent pas être utilisées aujourd’hui parce qu’elles sont protégées.

Quelle vision de la médecine ?

Nous aspirons à une vision holistique de l’être et de la médecine, incitant chacun à être acteur de sa guérison si nécessaire et surtout capable de préserver sa santé. Nous souhaitons que le bien-être soit valorisé par la société et accessible à tous les êtres humains à travers un mode de vie en adéquation avec l’environnement.

Quel système économique durable ?

L’économie doit cesser d’être une fin en soi et se mettre au service de l’éthique et du bien-être du vivant. L’économie n’est pas une science exacte, mais un système d’échange de services, de savoirs et de matières. Il faut qu’elle redonne une valeur juste à ses produits en fonction de leur impact sur l’environnement, la société et les ressources locales. Ainsi disparaîtront les aberrations écologiques telles que la pollution des sols, l’épuisement des ressources maritimes, le pillage des forêts primaires, l’importation outrageuse de produits frais en toute saison au détriment des productions locales. L’économie que nous visons valorisera les spécificités régionales et durables et permettra à chacun de trouver sa place.

Nous souhaitons qu’un réalisme écologique prenne place dans notre économie. Le prix des biens et des services doit comporter les coûts indirects des dégradations écologiques infligées aux écosystèmes. Par ailleurs, notre économie doit viser rapidement l’absence totale de rejets polluants dans les procédés de fabrication tout comme dans les produits eux-mêmes.

Dans l’immédiat, nous proposons une taxe carbone sur la combustion des carburants fossiles. Nous ne voulons pas que cette taxe soit comprise comme un impôt, mais comme un réajustement économique du prix exact des énergies fossiles en tenant compte de leurs véritables impacts. L’usage actuel des énergies fossiles n’intègre pas les coûts réels pour l’environnement et crée une dette non seulement écologique mais surtout financière que nous léguons à la prochaine génération.

Nous croyons que si les humains veulent connaître une véritable prospérité, ils doivent apprendre à imiter l’efficience des processus intégrés de la nature, où l’essence même du concept de déchet n’existe pas.

Nous proposons une économie visant le zéro déchet dans laquelle tout se recycle comme dans la nature. Nous condamnons l’économie du jetable et une société basée sur l’obsolescence programmée des produits. Nous souhaitons que notre économie se réinvente en intégrant les modèles innovants et pérennes : l’économie de fonctionnalité, la mutualisation, l’économie circulaire, l’écologie industrielle, l’économie sociale et solidaire. L’écologie industrielle devra être développée sur les stocks de matériaux déjà extraits ou déjà en circulation ou n’étant pas sensibles à la disparition.

Quelle éducation pour ce monde ?

Nous tenons à ce que se développe une éthique dans tout ce qui nourrit l’esprit humain, que ce soit dans les médias, la publicité, le marketing, les technologies. Nous souhaitons l’instauration d’un regard déontologique sur ces disciplines avec des critères législatifs, basés sur l’intérêt collectif et le bien commun à long terme.

Pour stabiliser la démographie, nous revendiquons un accès universel à l’éducation dans les 80 pays en voie de développement ainsi que des plannings familiaux.

Nous souhaitons que l’éducation favorise la singularité et le caractère unique de chaque être humain. Elle doit l’aider à avoir confiance en lui et à trouver son rôle dans le monde, le soutenir dans ses passions et renforcer sa capacité à être heureux. Elle doit transmettre avant tout les valeurs de la vie et revoir toutes les matières enseignées en incluant le développement durable et la préservation de l’environnement. L’éducation doit aider les enfants à aimer le présent et à vivre avec leur intuition afin qu’à travers cet amour de l’existence ils puissent construire l’avenir.

Nous aimerions que chaque personne puisse une fois dans sa vie bénéficier de plages d’arrêts pour prendre le temps de réfléchir aux buts de sa vie, recentrer ses forces sur elle-même et ses convictions. Ceci afin de favoriser son développement personnel et une vie heureuse pour chacun.

Il est temps que l’homme reprenne possession du monde et de son idéal. Même si de grands enjeux sont délégués à nos institutions et à nos scientifiques, le futur appartient à chacun de nous et chacun de nous en est responsable. Nous croyons à la force de vie de chaque être humain : oser, se démener, militer, écrire, chanter, établir les liens, les passerelles, pour une Terre hospitalière pour tous les voyageurs de la vie.

Quel fonctionnement politique mettre en place ?

Nous souhaitons que la préservation de l’environnement soit respectée universellement et fasse partie intégrante de la politique des nations, dans le sens où chacun est responsable de la nature et a des devoirs envers elle.

Nous aimerions une structure globale qui s’inspire des visions d’institutions, de sages de toutes les traditions et d’ONG représentatives du monde. Celle-ci serait reprise dans les gouvernances locales. Cette structure mondiale aurait pour rôle de fixer les grandes lignes d’une société équitable (mondiale) offrant à chacun un travail, un toit, de la nourriture et du temps, afin de participer de manière individuelle à des activités sociales et culturelles pour le bien de tous dans le respect des cultures locales. Cette politique participative devrait permettre à l’intelligence collective de s’exprimer. Elle serait la garante d’une justice sociale et de la paix mondiale. Ainsi, la compétitivité serait éliminée et permettrait aux talents et aux initiatives innovantes d’exister.

Nous tenons à ce que, dans cette vision respectueuse de la planète, la valeur du PIB soit remplacée par un Indice de Qualité de Vie Globale. Parallèlement, une nouvelle monnaie de référence basée sur les ressources de la Terre est à étudier et à mettre en place afin de refléter la valeur réelle des produits.

Chaque pays à travers un dialogue international, doit définir sa propre stratégie de réduction de gaz à effet de serre et encourager les énergies renouvelables ainsi que l’efficience énergétique. Les ressources naturelles précieuses doivent être économisées. Il faut également promouvoir l’idée de diversité, de la décentralisation et de la traçabilité de productions d’énergie, en fonction des moyens et des ressources à disposition dans les différentes régions du globe.

Les politiques d’achat des pouvoirs publics devraient favoriser et soutenir les initiatives et les entreprises les plus éthiques du marché.

Nous souhaitons que grâce à une alliance globale, notre agriculture soit urgemment restructurée pour devenir durable et être à même d’anticiper les besoins d’une population mondiale en croissance. Nous savons que la sécurité alimentaire pour tous ainsi que la souveraineté alimentaire de chaque communauté ne sont pas des rêves utopistes. En 2050 nous pourrions nourrir 9 milliards de personnes avec une agriculture biologique et écologique.