Jean Laville

COP21 : Le compte est bon, place à l’action et à la réflexion

L’année 2015 fut exceptionnelle quant à l’ampleur de la mobilisation au niveau mondial pour la lutte contre les changements climatiques. L’Accord de Paris qui scelle les objectifs communs à 185 États est une vraie réussite en réunissant enfin les forces politiques vers un but collectif : assurer durablement notre bien-être sur cette planète. De nouveaux acteurs se sont manifestés pour exprimer leurs préoccupations quant à la montée préoccupante de la température et des dérèglements qui en découlent. Une petite fièvre, cela va, mais attention à ne pas mettre le feu à la maison terre.

Le pape François, avec la publication au mois de juin de son encyclique sur l’écologie intitulée Laudato Si – Pour la sauvegarde de la maison commune, rejoint ainsi d’autres mouvements spirituels qui depuis longtemps rappellent l’importance de respecter la création. Il pointe aussi la responsabilité de la finance internationale face à la crise climatique, l’ampleur de la dette des pays du Nord envers ceux du Sud. Le pape critique surtout la perte du bien commun au profit de politiques court-termistes, et met en avant la nécessité d’une conversion écologique qui passe par un retour à la sobriété et au sens des limites.

En août, des responsables musulmans venus de vingt pays différents ont adopté à Istanbul la première « Déclaration musulmane sur le changement climatique ». Après un préambule reprenant les avertissements des scientifiques, les instigateurs « affirment » leurs convictions, appuyées sur leur tradition – « Dieu a créé la Terre en parfait équilibre (Mīzān) ; le changement climatique actuel catastrophique est le résultat de la perturbation humaine de cet équilibre » – et concluent leur texte par un appel aux différents acteurs concernés.

Nous observons l’émergence d’une nouvelle conscience écologique chez des personnes des quatre continents et elle nous paraît à même de préparer les fondements d’une autre mondialisation : plus responsable, fraternelle, spirituelle et surtout plus joyeuse et belle.

NiceFuture ne peut que se réjouir de cette évolution des consciences. Elle nous paraît indispensable pour accompagner la nécessaire transition écologique qui ne peut reposer que sur des solutions techniques ou des adaptations législatives. Cette transition nous demande de repenser profondément notre rapport à la nature et notre manière de vivre ensemble. NiceFuture va continuer de s’engager dans cette voie porteuse d’espoir qui va de la réflexion profonde aux initiatives concrètes favorisant la transition écologique.

Sur la plan des initiatives de transition écologique, NiceFuture a lancé un projet important et ambitieux visant à recenser, classifier, valoriser et mettre à disposition de chacun toutes les actions au niveau mondial qui nous semblent porteuses d’un nouveau modèle plus en harmonie avec les aspirations humaines et la nature. Ensuite, NiceFuture va continuer à travailler au développement d’une vision d’un troisième monde durable à travers une coopération plus active avec le peuple Surui d’Amazonie.  Leur grand chef, Almir Narayamoga Surui, nous a fait l’honneur de réfléchir avec nous sur un modèle de société qui intégrerait leur vision spirituelle de la nature avec nos préoccupations écologiques.

L’aventure s’avère prometteuse et je conclus en citant le dernier paragraphe de la biographie de Corine Sombrun consacré au grand chef indien Almir :

« N’est-ce pas en rassemblant les savoirs, en créant des liens entre eux et entre les nombreuses propositions déjà en place dans le monde que nous pourrions inventer un modèle viable pour notre planète ? Alors seulement nous serons capables d’apporter une réponse acceptable à la question du pacohb : “Mes enfants, où allez-vous ?” »

Jean Laville, président de NiceFuture.

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Mise à jour le 24 décembre 2015 à 19 h 38 min

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